Fig. 1 : aspect global de tissus primaires à croissance concentrique (1a) et de tissus secondaires à croissance en files (2a)
Suivant la nature du méristème qui les a engendrés, on distingue les tissus primaires, dérivant des méristèmes primaires, et les tissus secondaires, initiés par les zones génératrices latérales ou cambiums. Les premiers sont présents dans tous les organes jeunes et herbacés, les seconds ne sont bien développés que dans les espèces arbustives ou arborescentes (Gymnospermes et Magnolopsides). L'identification des deux ensembles tissulaires est en général facile car, même au stade adulte, la position relative, soit engrainée, soit empilée, des cellules révèle en général la façon dont elles ont été initiées : le premier aspect est visible dans la figure 1a (collenchyme et parenchyme) alors que le second est illustré par la figure 1b (liber et bois).Fig. 2 : coupe longitudianale d'un meristème apical chez Coleus sp. et d'un meristème radical
Les cellules issues de la division de l'oeuf constituent un embryon qui, chez les Spermaphytes par exemple, comporte l'ébauche des futurs meristèmes primaires caulinaire et racinaire, respectivement au niveau de la gemmule et de la radicule, et dont les cellules ont gardé leurs caractères embryonnaires.Fig. 3 et 4 : schéma d'un point végétatif d'Angiosperme interprété par la théorie des hélices foliaires multiples de Plantefol / schéma d'interprétation en fonction de la distribution des mitoses chez Vicia sp. : Ai, anneau initial ; RAI, zone de régéneration de l'anneau initial ; T, tunica ; C, corpus ; MM, meristeme medullaire
Fig. 5 : représentations de la structure d'un meristème apical
Alors qu'au dix neuvième siècle Hofmeister pensait qu'il n'existait qu'une cellule initiale apicale responsable de la croissance indéfinie de la tige, Plantefol a démontré qu'il devait exister autant de centres générateurs de feuilles que d'hélices foliaires.Fig. 6 : genèse des feuilles au niveau du point végétatif chez une plante à feuilles alternes
L'initiation foliaire commence à la base de l'anneau initial dans l'assise sous épidermique, par des divisions periclines. Conséquence de cette croissance horizontale, le point végétatif s'élargit, si bien que l'aire du meristème finira par devenir maximale, à la suite de l'apparition d'un ou de deux épaississements sectoriaux de l'anneau, ou initiums foliaires, suivant que l'espèce considérée soit à feuille alternes, opposées ou verticillées. Chaque initium devient une crête en forme de croissant qui, à la suite d'une croissance verticale, s'érige en un primordium foliaire encore entièrement meristèmatique. L'anneau initial se trouvant alors localement entamé, l'aire apicale devient minimale.Fig. 7 : fonctionnement plastochronique d'un apex de plante à feuilles opposées décussées
Après la surrection d'un primordium, l'apex se restaure grâce à des divisions anticlines des cellules de l'anneau qui subsistent. Enfin, dans le secteur où apparaîtra une nouvelle feuille, des divisions periclines de l'assise sous épidermique permettront à l'apex de récupérer une aire maximale. Une nouvelle initiation foliaire s'annonce. Le fonctionnement du point végétatif est donc périodique et sa période est un pastochrone. Aussi parle t-on du développement plastochronique de l'apex.Fig. 8 : point végétatif du Ginkyo biloba : za, zone apicale inactive ; ai, anneau initial ; mm, meristeme medullaire
Le point végétatif de ces végétaux se comportant comme celui des Angiospermes à tige médullarisée, on peut dire avec Camefort que "l'étude cytologique et cytochimique des points végétatifs des Spermaphytes montre l'inertie relative des cellules du sommet des apex caulinaires, mais par contre, l'activité importante de celles qui constituent, à la base du point végétatif, l'anneau initial et le meristeme médullaire".Fig. 9 : le point végétatif des Pteridophytes chez Equisetum arvense (A) et Selaginella caulescens (B) : za zone apicale, co cloison oblique, zr zone de régéneration de l'anneau initial, ai anneau initial, ze zone d'élongation, ca cordon medullaire axial, csa couronne subapicale, ec écorce, if initium foliaire, mm meristeme medullaire, pc procambium, tf trace foliaire, za zone axiale
La ramification est dichotomique quand, périodiquement, chaque point végétatif se divise en deux nouveaux de dimensions semblables. Dans d'autres cas, ceux ci apparaissent latéralement à faible distance du sommet du point végétatif qui se dichotomise. Dans ces deux cas, les rameaux deviennent très rapidement d'un diamètre sensiblement identique à celui de la tige initiale. Les ramifications dichotomiques des Ptéridophytes montrent que les cellules apicales axiales qui se sont révélées être passives dans l'organogenèse ne sont pas forcement permanentes.Fig. 10 : coupe longitudinale de la ramification latérale chez Polytrichum sp. : A apicale, S segments dérivant de l'apicale, F ébauche foliaire, la flèche indique une cellule privilégiée susceptible d'être à l'origine d'une ramification latérale.
Fig. 11 : phyllotaxie des tiges feuillées de mousses : A Fontinalis squamosa, B Funaria sp., C, Fissidens sp.
La ramification latérale des mousses débute quand des recloisonnements se produisent dans chaque cellule segmentaire, très précocement une cellule privilégiée est mise en place à la base d'une ébauche foliaire. Elle se distingue des cellules qui l'entourent par sa grande taille, sa forme dissymétrique particulière, son grand volume nucléaire, sa vacuolisation importante, et le fait qu'elle reste un certain temps sans se diviser, contrairement aux autres cellules filles de la cellule segmentaire. Cette cellule est une apicale secondaire susceptible être à l'origine d'un bourgeon, puis d'un rameau latéral à développement précoce ou longtemps inhibé, suivant que la dominance apicale est levée ou non.Fig. 12 : le point végétatif racinaire chez les Spermaphytes
En fait, comme pour les différentes interprétations de l'apex caulinaire, on peut se demander dans quelle mesure les types reconnus correspondent à la réalité. Des relevés de mitoses prouvent que, dans le point végétatif de la racine, il est en de même que dans celui de la tige : la zone où devraient se trouver les initiales est en fait celle où la multiplication cellulaire est la plus faible. C'est autour de ce centre quiescent que sont localisées les zones actives à partir desquelles se formeront les tissus racinaires, sans qu'il soit constitué un anneau initial.Fig. 13 : parenchymes cellulosiques : A polyédrique, B à méats, C lacuneux
Fig. 14 : parenchymes particuliers : 1 parenchyme cellulosique medullaire, 2 parenchyme palissadique assimilateur, ses cellules jointives et allongées se retrouvent à la surface dorsale des feuilles, 3 parenchyme lacunaire se trouvent lui dans la partie ventrale des feuilles, 4 aerenchyme d'une plante palustre (Hippuris), 5 aerenchyme étoilé chez Juncus
La moëlle de la tige de certaines espèces palustres (Juncus) représente un cas remarquable de morphogenèse cellulaire. Le parenchyme médullaire est un aérenchyme formé de cellules étoilées maintenant entre elles un espace gazeux ouvert et continu.Fig. 15 : epidermes : A vue de face et en coupe d'un épiderme stomatique de Centaurea, B épiderme à cuticule épaisse de la tige de Dracaena goldiena, C épiderme à cuticule très épaisse, formée de plusieurs couches de la tige de Cornus circinata
Les cellules épidermiques sont généralement de forme rectangulaire, allongées tangentiellement, et sans méats. Leurs parois internes et latérales sont souvent minces et cellulosiques, tandis que les parois externes sont recouvertes d'un cuticule formée de cutine, substance insoluble, dérivée de l'oxydation de lipides. Ces parois externes peuvent aussi être recouvertes de cires, de silice ou de carbonate de calcium. Les cellules épidermiques sont des cellules vivantes, et présentent une grande vacuole centrale, et une mince couche périphérique de cytoplasme. On trouve fréquemment dans leur vacuole ou dans leurs chromoplastes des pigments.Fig. 16 : poils tecteurs : A, papilles stigmatiques de Crocus sativus, B et C poils unicellulaires droits de Thea sinensis et du séné, D et E, poils unicellulaires ramifiés de Cheiranthus et d'Aubrieta, F et G, poils unisériés de Digitalis et de Conyza, H poils articulés ramifiés de Verbascum, I et J poils massifs de Papaver et d'Olea.
Fig. 17 : poils sécréteurs : A Hagenia, B Cannabis, C Ballota
Les poils épidermiques proviennent de l'allongement de cellules épidermiques. Il existe des poils unicellulaires et des poils pluricellulaires. On distingue aussi des poils tecteurs et des poils sécréteurs. Les poils tecteurs sont souvent considérés comme un moyen de protection contre la déshydratation, ils sont en effet très abondants chez les espèces xérophiles. Leur existence est souvent transitoire : très abondants sur les jeunes organes, ils tombent lorsque ceux ci vieillissent.Fig. 18 et 19 : aspect extérieur d'une stomate et coupe longitudinale d'une stomate : les deux cellules de garde ou cellules stomatiques (G) ménagent un ostiole (O) débouchant sur une chambre sous-stomatique (CS).
Fig. 20 : divers types de stomates : A anomocytique, B paracytique, C diacytique et D anisocytique
Selon le type des cellules les entourant, on distingue plusieurs catégories morphologiques de stomates.Fig. 21 : thylles : A coupe longitudinale d'un vaisseau d'Aesculus octandra montrant deux thylles adultes, B coupe transversale du bois de Quercus labata montrant de jeunes thylles
Xylème | Phloéme | |
éléments conducteurs | trachéides (m) et vaisseaux (m) | tubes criblés (v) |
éléments de soutien | fibres (m) | fibres (m) |
parenchyme vertical | cellules à réserves (v) et de contact (v) | cellules à réserves (v) et de contact (v) |
Fig. 22 : phloème : localisation au sein d'une coupe transversale de tige, détail d'un phloème, coupes lonitudinale et transversale de tubes criblés
Fig. 23 : structure d'une cellule criblée
Le phloème est constitué de tubes criblés : ce sont des cellules allongées, vivantes, dont la membrane restée cellulosique est percée par endroits de ponctuations groupées dans des plages qui ont l'apparence de cribles. De manière générale, les tubes criblés sont plus petits que les éléments conducteurs du xylème.Fig. 24 : détail d'un faisceau vasculaire (x xylème,p phoème), détail d'un trachéide aréolé et d'un vaisseau spiralé
Fig. 25 et 26 : trachéide aréolée (A) et extremité d'un trachéide scalariforme (B) typique des Pteridophytes et divers types de vaisseaux : A annelé, B spiralé, C réticulé et D ponctué
Les trachéides du protoxyléme sont les premiers éléments conducteurs qui se différencient, à un niveau où l'élongation des cellules n'est pas achevée. Ces cellules s'affrontent bout à bout, par des cloisons transversales en biseau, leur protoplasme élabore de la lignine qui se dépose sur les faces longitudinales en épaississements annelés et/ou spiralés.Fig. 27 : ponctuation simple et symétrique (gauche) et ponctuation aréolée de Gymnosperme (droite) : lm lamelle moyenne, I paroi primaire, II paroi secondaire, to torus, épaississement de nature primaire
Les trachéides scalariformes constituent le xylème des Ptéridophytes et des Cycadales. Ils ont une section polygonale, et leurs extrémités en biseau sont appliquées étroitement contre celles des éléments voisins. Les ornements des faces latérales sont tout à fait caractéristiques : des plages cellulosiques horizontales sont disposées régulièrement. Chez les Pteridophytes, on ne rencontre, outre les éléments du protoxyléme, que des vaisseaux scalariformes.Fig. 28 : écorce de la tige de Bryona dioica : é epiderme, c collenchyme, p parenchyme, s sclerenchyme
Ils réalisent une armature interne pour le végétal, lui assurant une certaine rigidité, mais aussi de la souplesse, en particulier quand la paroi épaissie des cellules reste cellulosique, comme c'est le cas pour le collenchyme. Si celui ci apparaît très tôt chez les organes en formation et poursuit son développement pendant leur croissance, le sclerenchyme, au contraire, se forme dans les parties de la plante dont l'allongement est terminé.Fig. 29 : collenchymes : A angulaire, B lamellaire, C rond
Le collenchyme se rencontre exclusivement chez les Magnolopsides. En coupe transversale, il peut présenter plusieurs aspects : collenchyme rond (paroi uniformément épaissie, pas de méats), lamellaire (méats sur le pourtour desquels la paroi est plus épaisse) et angulaire (la paroi n'est plus épaissie au niveau des angles, à l'emplacement habituellement occupé par les méats).Fig. 30 : sclerenchymes : A cellule scléreuse, B sclérites foliaire, C fibres florales
Le sclerenchyme peut lui se rencontrer sous trois formes.Fig. 31 : cellules sécrétrices et tissus sécréteurs : A cellules à essence de la feuille de Peumus boidus, B tête sécrétrice unicellulaire d'un poil de Ocimum basilicum et tête sécrétrice pluricellulaire d'un poil de Lycopersicum esculentum, C poil glanduleux de Humulus lupulus, en coupe transversale et de profil, D laticifères articulés de Chelidonium majus, E laticifères en réseau de Tragopogon pratense, F laticifères vrais d'Euphorbla, G, poche sécrétrice du zeste des Rutaceae, H poche sécrétrice de la feuille d'Hypericum perforatum
Fig. 32 : poches à essences : A type schizogène chez Eucalyptus, B type schizolysigènes chez Ruta graveolens
Le produit de sécrétion est situé à l'intérieur des cellules qui l'ont synthétisé :Fig. 33 : hydroides et leptoides chez Polytrichum sp. : à gauche, détail d'une portion de coupe transversale de tige, où les hydroides sont depourvus de contenu cytoplasmique, au contraire des cellules parenchymateuses, à droite, fragment d'une coupe longitudinale de tige.
Fig. 34 : détail du phellogène apparaissant dans la couche sous-épidermique par quelques cellules en division périclinale et détail du cambium libéro-ligneux apparaissant au niveau d'un faisceau libéro-ligneux, entre le xylème et le phloème primaires chez Sambucus
Fig. 35 : mise en place de la zone libéro-ligneuse : A et B dans la tige, C dans la racine (s sclerenchyme, px protoxylème, mxmétaxylème, ph phloeme, cf cambium fasciculaire, c cambium, ci cambium interfasciculaire, p péricycle, e endoderme, ec ecorce, é epiderme, rh rhizodeme, m moelle)
Au niveau de la racine, alors que l'évolution vasculaire primaire n'est pas encore terminée, des cellules situées sur la face interne des faisceaux de phloème entrent en division et réalisent des arcs cambiaux discontinus. Plus tard, au niveau des pôles ligneux, des cellules péricycliques dédifférenciées construisent de nouveaux arcs cambiaux se raccordant aux précédents.Fig. 36 : fonctionnement théorique d'une cellule d'assise génératrice
Par des cloisonnements longitudinaux periclines, ces cellules se divisent activement sur leurs faces externe et interne, mettant en place des files radiales de cellules filles. Épaisseur de la zone génératrice ne grandit pas pour autant, les cellules filles se différenciant en tissus secondaires. Il en résulte une croissance en épaisseur de l'organe se manifestant de part et d'autre de la zone cambiale. des cloisonnements anticlines des celles meristematiques permettront à cette zone d'accompagner la croissance en épaisseur de la tige et de la racine.Fig. 37 : portion d'une coupe transversale de branche d'arbre. Cette coupe ne comprend plus que des tissus secondaires. entre le periderme (P) et le bois constitué ici d'un coeur (C) et de l'aubier (A) se situe le liber, celui-ci est si mince qu'il n'est pas visible sur la photographie
Fig. 38 : les tissus secondaires
La section d'une branche ou d'une racine âgée montre, de l'extérieur vers l'intérieur :Fig. 39 : partie du périderme d'une jeune tige de Sambucus au contact de l'écorce primaire (l liège; Z zone génératrice subéro-phellodermique, p phelloderme, c : collenchyme; les flèches indiquent des cloisonnements anticlinaux)
Il s'agit de formations de moindre importance que les formation libéro-ligneuses.Fig. 40 : aspect du suber
Fig. 41 : deux types de lenticelles. Dans le premier cas (Aralia sieboldii), les cellules produites vers l'extérieur des organes sont toutes semblables, dans le second cas (Coriaria myrtifolia), le phellogène forme des cellules comblantes (c) et des cellules formant des couches de fermeture (f) qui finissent par se rompre
Le rhytidomeFig. 42 : types de bois : à gauche, bois homoxylé de Pinus sylvestris, à droite, bois heteroxylé de Betula alba (BP bois de printemps, BA bois d'automne, pa ponctuation aréolée, c cambium, A limite actuelle, v vaisseau, tc tube criblé, RL rayon ligneux, rl rayon libérien, f fibre)
Fig. 43 : portion d'une coupe transversale de tige de Cytisus laburnum :pc parenchyme cortical, fl fibres libériennes,l liber, c cambium, f lg fibres ligneuses, p lg parenchyme ligneux cortical, r rayon ou parenchyme ligneux horizontal, b²p bois secondaire printanier, b²a bois secondaire automnal
Fig. 44 : protostèles : A haplostèle, B actinostèle, C plectostèle (en noir, le xylème, en blanc le phloème)
L'haplostèleFig. 45 : plectostèles : A siphonostèle ectophloique, B siphonostèle amphiphloique ou solenostèle, C dictyostèle, E eustèle, F alactostèle (en noir, le xylème, en blanc le phloème, en pointillé la moelle)
Fig. 46 : brèches et traces : à gauche, fragment d'une solenostèle, à droite, coupe longitudinale correspondante (br brèche raméale, tr trace raméale, bf brèche foliaire, tf trace foliaire)
Fig. 47 : stèles avec moelle axiale : A solénostèle, B dictyostèle et C eustèle, avec coupes longitudinales des axes et coupes transversales des stèles à différents niveaux (sc stèle caulinaire, tf, traces foliaires)
On distingue plusieurs cas suivant que le xylème et le phloème sont continus ou plus ou moins fragmentés par des fenêtres. Toutes ces stèles sont polyarches.