Les Coniferopsides sont souvent des plantes grégaires, qui prennent part, surtout dans l'hémisphère nord, à la constitution de vastes peuplements forestiers. Affrontant les conditions d'hivers rigoureux, elles s'élèvent sur le flanc des hautes montagnes, et atteignent la latitude du cercle polaire arctique. D'une façon très générale, on peut dire que les conifères sont des végétaux adaptés à la sécheresse et au froid.
Certaines espèces sont très exploitées pour leur bois, leurs écorces, leurs huiles, d'autres sont très ornementales. Par ces applications variées, les conifères suscitent un très vif intérêt.
C'est parmi les Coniféropsides que l'on trouve les plus grands et les plus vieux arbres du monde : un
Pseudotsuga de Californie atteint 120 m de haut ; un groupe de
Pinus aristata de Californie a plus de 4 000 ans. Les
Sequoia, Cryptomeria, Araucaria sont de très grands arbres, ainsi que certains
Abies ou
Picea. Le plus gros arbre connu est le
Taxodium de Tulé au Mexique.
Caractères généraux
Il s'agit toujours d'arbres et d'arbustes, dont les feuilles forment des aiguilles ou des écailles, parfois un limbe ovale et sans nervure principale. Les stomates sont simples (haplochéiles). En général, il existe des canaux ou poches résinifères (sauf chez les Taxacées), d'où le nom de résineux.
Les feuilles sont de types variés : en aiguilles, en écailles, en lames foliacées (
Agathis, Podocarpus), etc. Chez le pin, certains rameaux (brachyblastes) se terminent par un type de feuilles spécial, les « aiguilles » ; leur structure correspond à celle du rameau coupé en long et divisé en autant de secteurs qu'il y a d'aiguilles : deux s'il y a deux aiguilles, cinq s'il y en a cinq ; les canaux résinifères prolongent ceux du brachyblaste. Ces feuilles sont des « pseudophylles ». Dans les organisations primitives, la forme de jeunesse est évoluée ; elle annonce l'évolution future alors que l'adulte conserve la forme primitive (loi de Pavlow). Ainsi le pin ayant une structure plus primitive que les autres Pinacées, les premières feuilles après la germination sont des feuilles de type normal, des « euphylles », alors que les pseudophylles n'apparaissent que la deuxième année. À l'exception des genres
Pinus et
Sciadopitys, les autres Conifères n'ont que des euphylles ; des cladodes existent chez
Phyllocladus.
Les fleurs mâles comportent de nombreuses étamines à deux sacs polliniques ou davantage, et les fleurs femelles, réunies en général en cône, portent des ovules en nombre variable sur le carpelle ; le tube pollinique, bien développé, permet la siphonogamie ; la graine est embryonnée quand elle se détache du cône. L'embryon possède de 2 à 18 cotylédons.
En étudiant les Coniféropsides on voit que, chez les Pinacées, les caractères des grains de pollen peuvent dériver de ceux de
Cordaites. En effet, chez ces plantes, le corps pollinique est entouré d'un sac aérifère. L'évolution paraît s'être produite par la soudure progressive du sac au corps : trois sacs aérifères distincts subsistent chez certaines Podocarpales, deux chez
Pinus,
Abies, etc., puis les sacs disparaissent chez Larix ou Pseudotsuga. La dimension du pollen est un caractère longtemps négligé mais très important.
Classification
D'un point de vue systématique, les Coniferopsides se composent de six ordres :
- Lebachiales fossiles
- Pinales (Pinaceae)
- Araucariales (Araucariaceae)
- Podocarples (Podocarpaceae)
- Cupressales (Cupressaceae, Taxodiaceae)
- Taxales (Taxaceae, Cephalotaxaceae)
Parfois, certains auteurs considéraient trois groupes, celui des Pinoïdines (Pinales, Araucariales, Cupressales), celui des Podocarpines (Podocarpales) et celui des Taxines (Taxales), ce dernier groupe constituant selon d'autres auteurs, un groupe indépendant des Coniferopsides.
Phylogénie
Les premières Coniferopsides apparaissent au Dévonien. Elles deviennent plus nombreuses au Permien, au Trias et au Jurassique, tandis qu'à cette époque, de nombreuses Prespermaphytes et Bennetitopsides avaient déjà disparu, les Coniferopsides se multiplient, s'accroissent au Crétacé, puis traversent l'ère tertiaire. Elles forment de nos jours un ensemble considérable, mais dont la distribution obéit à certaines règles strictes. Par exemple, les Pinales se trouvent uniquement à l'hémisphère nord, alors que les Araucariales ne sont présentent que dans l'hémisphère austral.
Il semble que, depuis la fin du Primaire, les genres de l'hémisphère nord soient séparés de ceux de l'hémisphère sud. On avait cru trouver des fossiles de
Sequoia en Patagonie, ce sont des fossiles de Podocarpaceae, groupe d'origine australe. On avait cru que le genre
Libocedrus avait des représentants dans les deux hémisphères. En réalité, le genre est uniquement austral et il a fallu créer le genre
Calocedruspour les espèces boréales. Chez les Taxodiaceae un seul genre,
Athrotaxis, est austral alors que tous les autres sont boréaux ; la séparation est très ancienne et remonte sans doute au début du Secondaire. Le genre
Tetraclinis appartient au groupe austral des Cupressaceae Callitrioïdeae mais les fossiles de ce genre sont en Europe et la seule espèce actuelle,
Tetraclinis articulata, est en Afrique du Nord. Tout n'est pas clair dans la distribution géographique. Pourquoi n'y a-t-il pas d'
Araucariaen Nouvelle-Zélande où l'on retrouve des fossiles ? Pourquoi
Athrotaxis, Taxodiaceae, n'existe-t-il qu'en Tasmanie ? Cette disparité semble indiquer que, à certains moments, de grands groupes ont presque disparu, comme on le constate de manière plus générale dans tous les problèmes d'évolution et de répartition. Certains auteurs ( A. Salleles, E. Boureau ) imaginent qu'un magnétisme changeant de sens, donc nul à certains moments, aurait permis des bombardements cosmiques modifiant ou, si la dose devient létale, détruisant la flore et la faune ; mais cette idée très séduisante a besoin de confirmation.