Description
Distribution
La famille des Moraceae est répandue dans toutes les régions tropicales ou subtropicales du monde entier, plus rarement dans les régions tempérées.
Appareil végétatif
Il s'agit d'arbres et d'arbustes persistants, plus exceptionnellement de plantes herbacées vivaces (Dorstenia). On trouve aussi des lianes, parfois épiphytes.
Les feuilles sont alternes, plus rarement opposées ou pseudo-verticilées, elles possèdent des stipules parfois caduques, laissant alors une cicatrice annulaire caractéristique. Le limbe est simple ou digité (Musanga, Cecropia), et les marges sont entières, dentées ou encore lobées. L'hétérophyllie est fréquente (Broussonetia).
Anatomie
Un système de laticifères produit un latex limpide (Morus) ou laiteux (Castilloa) qui peut être consommé comme lait chez certaines espèces (Brosimum galactodendron du Venezuela).
L'anatomie montre des fibres péricycliques longues et cellulosiques, des laticifères vrais situés dans le liber, le parenchyme cortical et la moelle, de l'oxalate de calcium en macles ou en prismes, un periderme superficiel, des poils tecteurs unicellulaires ou unisériés, parfois recourbés en crochet. Les concrétions cystolithiques sont fréquentes dans les poils tecteurs, les cellules de l'épiderme ou de l'hypoderme (Ficus).
Reproduction
Les fleurs, actinomorphes et très réduites, sont unisexuées, et il y a monécie ou dioécie. Elles sont groupées en épis très denses, généralement axillaires, parfois cauliflores, prenant souvent la forme de chatons ou d'amas globuleux.
Plusieurs tendances se dégagent de l'observation de l'appareil floral : un groupement de plus en plus accusé des fleurs avec, à partir d'inflorescences lâches aux fleurs bien distinctes, passage à des assemblages très contractés, un développement du réceptacle et des calices, qui deviennent charnus, les fruits pouvant alors former des syncarpes très volumineux (30 cm de diamètre et 15 kg chez Treculia) ou encore un changement de la forme du réceptacle, qui est convexe (Myrianthus), plan (Dorstenia) ou concave (Ficus). Dans ce dernier cas, on parle de sycones : le receptacle a pris la forme d'une urne, dont la cavité interne est recouverte de très nombreuses petites fleurs aggregées, un orifice apical étant présent et laissant passer les insectes pollinisateurs (généralement des hyménoptères chez les Ficus).
Chez Treculia africana, les coenocarpes sphériques sont unisexués ; chez Antiaris africana, les fleurs femelles sont solitaires, les mâles sont portées par un réceptacle en forme de disque aplati ; le réceptacle des Dorstenia est recouvert par des fleurs mâles et femelles, ceux des Craterogyne offrent la même disposition mais avec une seule fleur femelle centrale. L'évolution conduit aussi à des états préfloraux mimant plus ou moins une fleur.
Les fleurs ont un périanthe constitué par 2-6 sépales libres ou partiellement conés, parfois fortement réduits (Brosinum). Les mâles ont un androcée avec 1-6 étamines libres et opposisépales, et parfois un rudiment d'ovaire. Les femelles ont un ovaire supère ou infère, bicarpellé, mais un des deux carpelles avorte, uniloculaire, uniovulé. L'entomophilie, la myrmécophilie notamment, est habituelle.
Les fructifications syncarpiques sont très variées et souvent charnues et comestible. Les parties charnues sont produites par le receptacle renflé (Ficus, Artocarpus, Morus...), englobant plus ou moins des drupes ou des achènes. La graine contient ou non un albumen.
Classification et phylogénie
Les Moraceae ont été classées dans les
Urticaceae, mais ces dernières se distinguent facilement des Moraceae par le style et le stigmate uniques, l'ovule basal et la sève claire. Le limite entre ces deux familles n'est cependant pas très nette, car il existe certains genres qui ne produisent pas de latex mais qui ont des canaux lactifères. La classification repose principalement sur les types d'inflorescence et divise la famille en 6 tribus.
Intérets
Plusieurs plantes de la famille des Moraceae sont intéressantes. Morus alba, le mûrier blanc, a été introduit, en provenance d'Asie, d'abord en Sicile au XIIe siècle, puis en France au XVIe siècle, pour l'élevage des vers à soie. Le mûrier noir, Morus nigra, venu de Perse dès l'Antiquité, a des feuilles plus grossières et moins appréciées des vers à soie. Les infrutescences de ces deux mûriers sont composées d'akènes et de calices devenus charnus et soudés les uns aux autres en un complexe induvial ; elles sont riches en sucres (25%) et en acide citrique (3%).
Maclura pomifera, le bois d'arc ou oranger des Osages, est originaire du Texas ; il a été implanté dans de nombreuses régions comme arbre d'ornement et pour son bois jaune aux reflets satinés. Cudrana excelsa, l'iroko, abonde dans les forêts mésophiles caducifoliées d'Afrique occidentale ; son bois est très apprécié et son latex a des propriétés désinfectantes, dues à l'acide chlorique, qui le font utiliser en médecine populaire. L'écorce fibreuse de Broussonetia papyrifera sert à la fabrication des papiers de Chine et du Japon. Le parasolier d'Afrique (Musanga cecropioides) est une essence héliophile qui vit en peuplements denses dans les défriches. Les parasoliers américains appartiennent au genre Cecropia, chez lequel des adaptations myrmécophiles ont été signalées : les fourmis perforent les jeunes tiges et se nourrissent des corpuscules formés à la base des pétioles. Cecropia peltata produit un caoutchouc commercialisable.
L'arbre à pain (Artocarpus communis) a été répandu, à partir de la Polynésie, dans toutes les régions tropicales pour ses fruits riches en amidon ; le jacquier (A. integrifolia) donne des fruits énormes, jusqu'à 15 kg moins appréciés. Castilloa elastica, d'Amérique centrale, produit un caoutchouc dont l'intérêt s'est amenuisé depuis l'extension de la culture d'Hevea. Les Antiaris toxicaria sont de grands arbres du Sud-Est asiatique, dont le latex, utilisé comme poison de flèche, contient un hétéroside qui agit sur le coeur.
Le genre Ficus est considérable, car riche de plus de 700 espèces, et présente une grande variété de formes. La plupart offrent pourtant les mêmes nombres chromosomiques ; quelques races et espèces sont tétraploïdes. Beaucoup de figuiers sont d'abord épiphytes : leurs minuscules graines germent sur le tronc ou les branches de divers arbres ; la plantule croît, forme un lacis de racines qui gagnent le sol et s'y implantent ; le Ficus enveloppe bientôt son support, l'étouffe et prend l'aspect d'un arbre indépendant ; de ce type étrangleur relève le F. religiosa, ou figuier des pagodes. D'autres espèces émettent des racines adventives nombreuses qui tombent des branches jusqu'au sol, donnant naissance à de nouveaux troncs ; le célèbre banyan (F. benghalensis) peut couvrir ainsi des surfaces considérables. Certains Ficus (F. retusa de Nouvelle-Calédonie, F. vogelii d'Afrique, F. religiosa et F. elastica d'Asie) donnent un latex de qualité inférieure à celui d'Hevea. Plusieurs espèces sont appréciées comme arbres d'ornement ou plantes d'appartement (F. elastica, F. benjamica). Comme dans le cas d'Antiaris, l'écorce battue de certains Ficus sert de pagne ou de couverture. Le bois de plusieurs espèces est exploité, tel celui du sycomore (F. sycomorus). Enfin, les fruits de différents figuiers sont comestibles ; le plus connu à cet égard est le figuier commun (F. carica), fréquent sur les rivages méditerranéens ; les figues fraîches ou sèches constituent un excellent aliment à haute teneur en sucres. Pollinisation et fécondation font appel, chez les Ficus, à l'intervention d'insectes pénétrant dans le sycone. Une symbiose s'est établie entre la plante et les Blastophaga, hyménoptères fécondateurs. Il existe chez F. carica deux sortes d'arbres : les figuiers sauvages, ou caprifiguiers, et les figuiers domestiques dont la biologie florale est complexe ; plusieurs générations de figues se succèdent dans l'année, offrant des caractères différents et abritant diversement l'insecte pollinisateur. Les réceptacles tombent en l'absence de fécondation. Parfois, pourtant, il y a parthénocarpie et les figues produites, comestibles, sont semblables aux figues fécondées.
Données éditées le 25 février 2007