Les fleurs sont hermaphrodites et, sauf chez quelques genres tropicaux, actinomorphes, solitaires ou en racèmes, en corymbes, en ombelles ou en cymes paniculées axillaires ou terminaux.
Elles sont construites suivant des modes architecturaux propres à la famille, mais dont les tendances évolutives sont les mêmes que dans tous les grands ordres d'Angiospermes. Dans le type fondamental primitif, de beaucoup le plus répandu, la fleur comprend, de l'extérieur vers le centre :
- Un périanthe cyclique, double (calice, corolle) ou triple (calicule, calice, corolle), formé de 5 ou 10 sépales libres, imbriqués, généralement verts ou verdâtres, et de 5 pétales, libres et imbriqués, parfois absents. L'origine quinconciale du calice est bien visible chez certains
Rosa : la présence de barbules montre qu'il y a eu sépalisation des bractées. Contrairement au calicule des
Malvaceae, dont le nombre de pièces était variable, et qui était expliqué par la sépalisation des bractées les plus proches de la fleur, chez les Rosaceae les sépalules sont toujours en même nombre que les sépales. L'origine de ce calicule est stipulaire : les 10 stipules des sépales se soudent deux à deux.
- Un androcée cyclique constitué de 2-5 verticilles de 5 étamines libres chacun. Souvent au nombre de 20, les étamines peuvent être bien plus nombreuses (
Rosa,
Prunus), par surevolution, dans de nombreux autres cas, ou, et c'est la tendance normale de l'évolution, se réduire à 5-15 (
Agrimonia...). Les anthères sont dorsifixes, généralement versatiles, à dehiscence longitudinale ou poricide, introrse ou plus rarement latrorse (
Potentilla), bliculaires ou plus rarement uniloculaires (
Alchemilla).
- Un gynécée cyclique, rarement acyclique, composé d'un nombre très variable de carpelles libres (3-5-8 chez
Spiraea, quelques dizaines, 10-50, chez
Rosa et
Rubus, et en nombre indéfini chez
Fragaria et
Geum). Mais, chez les
Prunus et autres genres donnant des drupes, ou chez les genres à fleurs très réduites (
Alchemilla, le gynécée ne comprend qu'un seul carpelle libre, ce qui est un caractère archaïque. Il y a 2 ovules anatropes par carpelles.
- Un réceptacle différencié, marque commune de toutes les fleurs de Rosaceae ; ce réceptacle forme soit un plateau portant, en son centre, une protubérance (
Potentilla,
Rubus,
Fragaria...), soit une coupe, une urne, un tube (
Spirea,
Rosa,
Pyrus....). Les étamines et les pièces périanthaires sont insérées sur le bord du réceptacle, tandis que les carpelles sont disposés sur la protubérance ou à l'intérieur, généralement au fond, de la cupule ou de l'urne. La forme de ce réceptacle floral a une profonde influence sur le nombre et la nature des pièces florales. Ce réceptacle est formé de deux parties : une coupe, ou conceptacle, plus ou moins profonde, formée par la concrescence à leur base des sépales, pétales et des étamines, et d'un gynophore, saillant ou aplati, qui résulte de la différenciation de l'extrémité de l'axe floral et qui porte les carpelles.
Fig. 2 : Fleurs des Rosaceae. A et B : Filipendula ulmaria, diagramme et coupe longitudinale; C et D : Rosa sp., diagramme et coupe longitudinale; E : Sorbus, diagramme ; F et G : Rubus sp., diagramme et coupe longitudinale; H : Fragaria vesca, diagramme; I et J : Sanguisorba sp., diagramme et coupe longitudinale; K et L : Alchemilla sp., diagramme et coupe longitudinale; M et N : Mespilus germanicus, diagramme et coupe longitudinale; O et P : Cydonia oblongua, diagramme et coupe longitudinale; Q : Pyrus commuunisPrunus persica, diagramme et coupe longitudinale
Des altérations de ce type fondamental se produisent par des simplifications ou des complications dans quelques genres. Par des simplifications, le périanthe se réduit à un seul verticille de 4 sépales, par avortement des pétales (
Alchemilla,
Sanguisorbia) ; exceptionnellement, à l'avortement des pétales s'ajoute celui d'une partie de l'androcée (1-2 étamines seulement chez les
Aphanes) ou de tout l'androcée, ou de tout le gynécée (fleurs unisexuées
Aruncus dioïques).
Les fleurs doubles sont fréquentes chez les cultivars (
Kerria,
Prunus,
Rosa...). Dans ce cas, les nombreuses étamines et parfois également les styles sont remplacés par des organes pétaloïdes. Dans certains cas extrêmes, le centre de la fleur est vert, là où les carpelles ont été ont été transformés en appendices foliacés. Dans de tels cas, la fleur est généralement stérile. La gamme de couleur est vaste, excepté le bleu qui est presque totalement absent.
Les carpelles sont primitivement au nombre de 5 et sont multi-ovulés, mais le réceptacle floral, soit en se creusant, soit en continuant d'augmenter de diamètre par suite de la saillie du gynophore entraîne une augmentation du nombre des étamines et surtout du nombre des carpelles, qui occupent toute la place offerte à l'androcée et au gynécée. Parallèlement à l'augmentation de leur nombre, les carpelles deviennent pauciovulés. Dans le cas où il y a deux ovules, un seul est fertile. de plus, par surevolution, chez quelques groupes, les carpelles peuvent prendre une forme très courte, ramassée, dite à style gynobasique (
Fragaria) ; ou se souder à la coupe florale, réalisant une infère ovarie : les carpelles, alors peu nombreux, au nombre de 5 en général, deviennent plus ou moins concrescents entre eux : chez
Prunus, les styles sont soudés, alors qu'ils sont encore libres chez
Pyrus.
Enfin, tout un ensemble espèces est caractérisé par la tendance au groupement des fleurs en grappes ou épis très serrés, simulant parfois des capitules (
Agrimonia,
Sanguisorbia...). Ce phénomène s'accompagne alors de la réduction des étamines, réduites à 15, 10, 5, voire à une seule, et des carpelles, réduits à deux ou un. Ainsi constituée, la fleur des Rosaceae rappelle celle des
Ranunculaceae, où les étamines sont nombreuses et les carpelles indépendants et nombreux, mais ici, étamines et carpelles ne sont jamais insérés sur une spirale, mais toujours sur des verticilles, et le nombre élevé des carpelles ne doit pas être considéré ici comme primitif, mais résultant des transformations de la coupe florale. C'est pour cela qu'il est assez difficile, pour un oeil débutant, de reconnaître les fleurs des
Potentilla par rapport à celles des
Ranunculus.
Les fleurs des Rosaceae sont parmi les plus simples et les moins spécialisées pour la pollinisation, mais l'abondante production de pollen attire beaucoup d'insectes de toutes sortes. Certains genres comme
Rosa produisent uniquement du pollen, mais la plupart sécrètent également du nectar à partir d'un disque entourant les carpelles. Ce disque est nu (
Rubus) ou plus ou moins dissimulé par les filets des étamines (
Geum). Les fleurs sont généralement protandres et l'autocompatibilité est exceptionnelle. Plusieurs genres n'ont pas un cycle de reproduction normal. Chez certaines espèces de
Rosa, la moitié des chromosomes, ou plus, ne sont pas par paires et sont donc inutiles pour la formation des gamètes.
Alchemilla,
Sorbus et
Rubus présentent des caractères d'apomixie. Chez les genres
Acaena et
Poterium, la pollinisation est anémophile : les fleurs sont très réduites, en partie unisexuées, sans pétales ni nectar, et regroupées en capitules ou en épis.
La nature du fruit dépend étroitement de la structure du réceptacle floral. Si le réceptacle est plan ou très légèrement concave, la coupe n'est pas encore marquée et le gynophore est très réduit : il n'y a de place que pour 5 carpelles, ceux-ci sont multiovulés et les fruits qui en résultent, pluriseminés, ont une déhiscence ventrale : ce sont des follicules (
Quillaja). Mais, chez des espèces voisines, il s'y adjoint une ouverture dorsale : on a alors 5 gousses analogues à celles que l'on rencontre chez les
Fabales. Chez les
Spirea, les carpelles deviennent pauciovulés : les fruits, indéhiscents et tordus sur eux mêmes contiennent deux graines, ce sont presque des akènes. On observe ainsi une augmentation du nombre des carpelles compensant la diminution du nombre de graines. Cette évolution se confirme chez les autres groupes où les carpelles, toujours pauciovulés, ne comprennent qu'un ou deux ovules, le second avortant presque toujours.
Fig. 3 : Evolution du fruit chez les Rosaceae
Le fruit est un akène ou une drupe, suivant qu'il est sec ou charnu. Là encore, alors que se restreint la quantité d'ovules par carpelle, le nombre des carpelles s'accroît généralement. Ceci est rendu possible par l'augmentation de la surface fournie au gynécée, soit par bombement du réceptacle, soit par creusement du réceptacle en conceptacle.
Ainsi :
- si le gynophore est saillant, les fruits sont des akènes (
Potentilla,
Geum,
Fragaria où le gynophore devient charnu et comestible, donnant un fruit multiple, la fraise) ou des drupéoles (
Rubus, comme le framboisier par exemple, ici le gynophore reste sec et c'est l'ensemble des drupéoles, plus ou moins concrescentes, qui sont comestibles) ;
- si le gynophore est réduit, et tapisse une coupe profonde formée par le creusement du réceptacle, les fruits sont des akènes (poilus et très nombreux chez
Rosa où le réceptacle devient charnu, l'ensemble formant un cynorhodon, peu nombreux chez
Agrimonia,
Sanguisorbia...) ou des drupes, fruits volumineux à maturité et où le nombre de carpelles est réduit (
Prunus,
Amygdalus,
Pyrus, etc.). Chez
Pyrus et
Malus, les 5 drupes proviennent de 5 carpelles plus ou moins soudés latéralement et concrescents au réceptacle ; elles sont donc, elles aussi, soudées entre elles et avec le réceptacle : la partie comestible des pommes et des poires est formée par la partie externe et charnue des drupes, et par le conceptacle devenu également succulent. Au sommet de ces fruits, on rencontre parfois les restes fanés des sépales, pétales et étamines. les noyaux sont rarement ligneux (
Mespilus...), mais, généralement, simplement parcheminés et les parties les plus dures du fruit correspondent aux téguments des graines appelées ici communément pépins. Chez les
Prunus, et, de façon générale chez les Rosaceae à noyau, la fleur ne comporte qu'un seul carpelle. La coupe florale devient caduque, elle est sans utilité ici où plusieurs carpelles ne sont pas à réunir. La drupe est nue à maturité et, au sommet du fruit, on ne trouve pas les restes fanés de la fleur, mais simplement la trace de l'insertion du style. La dépression longitudinale de ces fruits correspond à la ligne de suture du carpelle. La drupe à maturité est très peu charnue (
Amygdalus).
Les graines, parfois ailées, sont généralement exalbuminées.