Des pollens fossiles de Pinales sont connus depuis le Jurassique, ce qui fait remonter l'apparition de ces végétaux à au moins cent soixante millions d'années. Un autre fossile appartenant à la famille a été retrouvé récemment, et daté du Crétacé (C.N. Miller Jr. 1988). Les Pinaceae présentent des caractères de parenté avec le genre
Glyptolepis du Trias qui, lui-même, semble se rattacher aux
Lebachiales, premiers
Coniferopsides connus, apparus au Permo-Carbonifère.
La famille forme un groupe cohérent et bien défini, délimité par quelques caractères comme la présence d'écailles bien développées presque entièrement libres de leurs bractées sous-jacentes et de deux ovules inversés en position adaxiale dans les cônes femelles.
On a montré comment un ancêtre commun a pu donner les différents phylums de Pinaceae, alors que les tribus établies par certains auteurs (Pineae, Laricineae, Abietineae) n'indiquent pas une parenté réelle. La question est en réalité plus compliquée et il est possible qu'une espèce du genre fossile
Priscopinus ait donné certains
Abies, certains
Picea, et qu'une autre espèce de
Priscopinus ait donné d'autres
Abies et d'autres
Picea. Certaines espèces du genre
Abies seraient ainsi parfois plus proches parentes de certains
Picea que des autres
Abies. Chaque genre serait ainsi polyphylétique (F. Flous, 1936) et des évolutions parallèles se feraient dans la descendance des
Priscopinus.
Aujourd'hui, les caractères distinctifs des cônes femelles et des graines permettent d'envisager la discrimination de quatre sous-familles (Frankis 1989, Farjon 1990).
Les
Pinoideae possèdent des cônes mûrissant en deux ou trois as, dont les écailles, élargies à la base, sont munies d'un appendice distal. Les graines sont dépourvues de vésicules à résine, et lors de la fécondation, il n'y a émission d'un fluide micropylaire.
Le seul genre est
Pinus, qui est à la fois le plus riche et le plus primitif de la famille. Les ramifications ultimes des racines sont en union avec le mycélium de certains champignons, formant des associations mycorhiziennes. L'arbre est construit sur le type monopodial : le tronc est dressé, plutôt rectiligne, et sa flèche porte un bourgeon terminal assurant la croissance du végétal en hauteur durant toute sa vie. L'allure générale des
Pinus est un cône, et c'est pour cette raison que l'on a donné le nom de conifères à ses espèces, et aux autres apparentées. Chez les
Pinus, l'appareil végétatif comporte trois genres de rameaux : les uns sont longs et à croissance indéfinie (auxiblastes), d'autres sont courts et à croissance limitée (mésoblastes), et enfin, les derniers, caducs, sont nains et couverts, à la base, de feuilles très courtes et écailleuses et portant au sommet 1-5 feuilles aciculées en nombre caractéristique de chaque espèce. Le brachyblaste n'a pas de bourgeon à son extrémité ; toutefois, si on supprime un bourgeon d'auxiblaste dans le voisinage, les hormones de croissance pénètrent dans le brachyblaste qui devient alors un auxiblaste dont il possède les caractéristiques. Le pollen des
Pinus, à ballonnets, est émis en de très grandes quantités. Le cône femelle, ligneux et dépourvu de bractées apparentes entre les écailles ligneuses, ne se désarticule pas à maturité. Le temps séparant la pollinisation de la dissémination des graines est de trois ans.
Les
Piceoideae ont des cônes femelles avec des écailles à la base élargie mais dépourvus d'appendice distal. Les graines sont dépourvues de vésicules résinifères, et lors de la fécondation, il y a émission d'un fluide micropylaire.
Le seul genre est
Picea, les épicéa, parfois confondus avec les sapins (
Abies). Leur appareil végétatif constitué d'un seul type de rameaux. Les feuilles, piquantes, isolées, sont disposées tout autour des rameaux. Le bois contient des canaux sécréteurs de résine. Les cônes sont pendants et tombent d'une seule pièce. Les bractées demeurent cachées entre les écailles ovulifères.
Les
Laricioideae ont des cônes femelles avec des écailles à la base élargie, mais dépourvues d'appendice distal. Les graines sont dépourvues de vésicules résinifères, et il n'y a pas d'émission de fluide micropylaire à la fécondation :
Cathaya, Laris, Pseudotsuga.
Les
Larix sont les mélèzes, arbres construits un peu de la même façon que les cèdres. Les feuilles tombent toutes en même temps à l'approche de l'hiver. Le bois possède des canaux résinifères. Mais la plus grande particularité des
Larix, outre le feuillage caduc, est a observer au niveau des grains de pollen : ceux-ci sont dépourvus des ballonnets latéraux. Les cônes sont petits, dressés, et ils tombent entiers sur le sol. Les écailles ovulifères sont courtes et sont plus ou moins dépassées par les bractées.
Le genre
Pseudotsuga est uniquement connu à l'état fossile en Europe, mais se rencontre de nos jours à l'extrême est de l'Asie et dans l'ouest de l'Amérique du nord. L'appareil végétatif ne comporte qu'un seul type de rameaux, et les ballonnets des grains de pollen sont absents.
Les
Abietoideae ont des cônes femelles avec des écailles à la base étroite et dépourvues d'appendice distal. Les graines possèdent des vésicules résinifères, et il n'y a pas d'émission de liquide micropylaire lors de la fécondation :
Abies, Cedrus, Keteleeria, Nothotsuga, Pseudolarix, Tsuga.
Le genre
Abies est celui des sapins, arbres majestueux au port pyramidal. Leur appareil végétatif n'est constitué que d'un seul type de rameaux, aussi leurs feuilles ne se rencontrent qu'une par une. Chacune montre à la face inférieure deux bandes blanches longitudinales, dues à l'abondance des stomates, à leur emplacement et à la réflexion de la lumière par l'air qu'ils renferment. Le bois possède des rayons non aréolés, et il est dépourvu, sauf traumatisme, de canaux sécréteurs de résine, sauf un canal central situé dans la moelle des racines. Les cônes femelles sont dressés et ne tombent pas d'une pièce, mais se désarticulent sur place, de sorte que, pratiquement, en foret, on ne recueille pas ces cônes sur le sol. Les bractées du cône sont bien développées et leur extrémité, débordant des écailles ligneuses ovulifères, est visible à la surface du cône adulte. Les grains de pollen possèdent aussi ici deux ballonnets latéraux. On compte entre six et sept mois entre la pollinisation et la dissémination des graines. Les
Abies se rencontrent dans l'hémisphère nord, mais chaque espèce a une distribution limitée et ne se retrouve pas d'un continent à l'autre.
Les cèdres (
Cedrus) sont des arbres au port imposant. L'aire de distribution naturelle des
Cedrus est un exemple de discontinuité : on en trouve au Maroc, au Liban, à Chypre et dans l'Himalaya occidental. Les
Cedrus possèdent deux rameaux, des courts et des longs. Les premiers portent des feuilles aciculaires éparses, en disposition hélicoïdale ; les autres montrent à leur extrémité une touffe d'une vingtaine d'aiguilles rigides, persistantes. Les cônes, volumineux, sont ovoïdes, aux écailles serrées. Ils tombent séparément par la destruction de l'axe qui les porte. Le bois est dépourvu de canaux sécréteurs.
Le genre
Pseudolarix est monospecifique, et ne se trouve que dans le nord-est de la Chine. Il se différencie des Larix par le cône se désarticulant à maturité, par le bois dépourvu de rayons aréolés, et la présence de ballonnets latéraux dans les grains de pollen.
Les
Tsuga ont un appareil végétatif constitué d'un seul type de rameau, et se caractérisent une régression des ballonnets latéraux des grains de pollen, réduits à un bourrelet chez Tsuga, et par les cônes pendants restant cohérents après maturation. Les deux noyaux sexuels mâles, au lieu d'être libres dans un cytoplasme commun, sont isolés dans deux cellules constituant de véritables cellules spermiques. Le bois possède des canaux résineux schizogènes. Le genre
Tsuga a une aire asiatique vaste et existe de plus sur la côte orientale de l'Amérique du nord.
Chez les
Keteleeria, dont le bois est dépourvu des rayons non aréolés, on ne dénombre qu'un seul type de rameaux. Les cônes sont dressés et se désarticulent après leur maturation. C'est un genre dont la distribution est restreinte à certaines zones de l'Asie.
Le genre
Cathaya n'à été découvert qu'en 1958 en Chine.