Description
Les Violaceae représentent un exemple typique de perception botanique deformée par une vision souvent trop centrée sur l'étude des régions tempérées. En effet, malgré les apparences, cette famille est principalement représentée par des arbres, des arbustes ou des lianes tropicales. Seuls les genres Hybanthus, ligneux et herbacé, et Viola sont représentés aussi dans les régions tempérées. Bien que Viola représente tout de même presque la moitié des espèces de la famille, sa diversité est grande et parfois difficile à appréhender. A côté de nos petites violettes (Viola), on trouve, par exemple, le genre Leonia, groupant des arbres imposants, aux fleurs actinomorphes insignifiantes et aux gros fruits ligneux et indehiscents, qui sont, de fait, des Violaceae plus typiques.
Distribution
La famille des Violaceae est cosmopolite, mais particulierement concentrée dans les régions tropicales.
Appareil végétatif
Les Violaceae sont des arbres ou des arbustes persistants, parfois grimpants, des lianes ligneuses ou des plantes herbacées annuelles ou vivaces (Hybanthus, Viola). Les feuilles sont simples et alternes, rarement opposées (Hybanthus), et munies de stipules réduites ou foliacées. Le limbe possède des marges entières, serratulées ou disséquées.
Anatomie
Les Viola possèdent des cellules à essence dans l'épiderme supérieur des pétales. A part cela, l'anatomie n'offre aucune particularité bien précise.
Reproduction
Les fleurs sont actinomorphes à zygomorphes, biseuées ou unisexuées, rarement polygames, et sont solitaires ou disposées en épis, panicules ou racèmes axillaires ou terminaux. La cleistogamie se rencontre chez quelques genres, en particulier chez les Viola.
Elles se composent de 5 sépales libres ou conné à la base, imbriqués et persistants, parfois inégaux. Les 5 pétales libres ou connés à la base, imbriqués ou convolutés, et généralement inégaux, l'anterieur étant généralement plus gros que les autres et parfois muni d'un éperon.
Il y a 5 étamines aux filets courts et soudés à la base, et aux connectifs souvent munis d'appendices membraneux. Les deux étamines antérieures possèdent normalement des nectaires en forme d'éperon à la base.
L'ovaire est supère et uniloculaire, composé de 3 carpelles soudés, et contenant plusieurs ovules anatropes sur des placentas pariétaux. Le style et le stigmate sont generalement simples. Certaines espèces tropicales ont encore un gynécée pentamère, ce qui montre que dans cette famille, la trimerie des Viola est secondaire, évoluée et non primitive.
Chez Viola, la corolle possède généralement deux pétales postérieurs dressés, deux latéraux, et un pétale antérieur portant à sa base un éperon qui fait saillie entre deux sépales. Les 5 étamines ont leurs anthères appliquées contre le style : les deux ventrales portent un appendice nectarifère qui se loge dans l'éperon du pétale ventral, qui joue aussi le rôle de collecteur de nectar.
Comme chez la plupart des plantes nectarifères, la pollinisation est assurée par les insectes, qui seraient guidés dans l'eperon par des stries sur les pétales. Pour atteindre le nectar, l'insecte doit toucher le stigmate avec son corps, et le pollinise de ce fait avec le pollen qu'il transporte. En touchant l'éperon, l'insecte fait tomber le pollen des antheres sur son dos, et le deposera ensuite sur le stigmate d'une autre fleur.
La floraison et la fructification des violettes dépendent des longueurs relatives du jour et la nuit. Au printemps, où les jours sont courts, apparaissent les fleurs décrites ci-dessus : elles sont stériles et avortent. Quand les jours deviennent longs, ces fleurs sont remplacées par d'autres, petites, qui restent enterrées et ne s'épanouissent pas : ce sont des fleurs cleistogames, dans lesquelles l'autopollinisation est très facile, puisque les étamines y sont appliquées contre les stigmates. Ces fleurs sont fertiles et donnent des graines.
Le fruit est une capsule à dehiscence dorsale et loculicide, souvent brutale. Les graines sont habituellement sphériques et ailées chez quelques especes exotiques grimpantes. Elles sont albuminées et parfois pourvues d?un arillode attirant les fourmis qui assurent leur dispersion (Viola). L'embryon est dressé.
Classification et phylogénie
Les Violaceae sont proches des
Flacourtiaceae, en particulier du genre
Casearia, mais en diffèrent principalement par leurs étamines moins nombreuses. D'autres auteurs ont établi certains liens probables avec les
Resedaceae.
On peut envisager que l'évolution des caratères végétatifs et floraux au sein de la famille ait donné les enchainements suivants : passage de genres primitifs ligneux, aux fleurs actinomorphes (
Leonia, Fusispermum, Rinorea), vers des genres ligneux aux fleurs subzygomorphes (
Paypayrola, Amphirrhox) puis franchement zygomorphes, avec des genres subligneux (
Hybanthus, Anchietea, Noisettia) et enfin herbacés (
Viola).
Intérets
La famille doit son nom au genre Viola qui regroupe violettes et pensées. C'est historiquement à partir des violettes que l'on a extrait le premier indicateur coloré utilisé en chimie. C'est un genre très polymorphe, particulièrement apprécié en horticulture, où il fournit de nombreuses plantes d'ornement. Les pensées cultivées sont généralement soit des hybrides entre les Viola tricolor, V. lutea et V. altaica, soit des variétés dues à des mutations ou à des races sélectionnées hétéroploïdes. Le nombre très élevé d'espèces, de sous-espèces et de variétés, toujours capables de s'hybrider, rend la détermination précise des violettes spécialement délicate. V. odorata est cultivée dans le sud de la France pour ses huiles essentielles utilisées en confiserie et en parfumerie.
Certaines espèces ont un interet médicinal : les racines d'Hybanthus ipecuantha et de Corynostylis hybanthus sont utilisées comme émétique, celles d'Anchietea salutaris également, mais aussi pour traiter les maux de gorge et la tuberculose ganglionnaire.
Données éditées le 06 avril 2007